La rougeole représente l'une des maladies virales les plus contagieuses affectant principalement la population infantile. Cette infection, bien que évitable par la vaccination, continue de poser un défi majeur pour la santé publique mondiale. Chaque année, des milliers de cas sont recensés à travers le monde, entraînant des complications parfois fatales, particulièrement chez les jeunes enfants.
Bien que les campagnes de vaccination aient considérablement réduit son incidence dans les pays développés, la rougeole connaît une résurgence inquiétante, notamment en raison des mouvements anti-vaccination. Cette tendance préoccupante souligne l'importance d'une compréhension approfondie de cette maladie.
Comprendre la Physiopathologie
Le virus responsable de la rougeole appartient à la famille des paramyxovirus. Sa particularité réside dans le fait qu'il n'affecte que l'être humain, sans réservoir animal connu. Cette caractéristique rend théoriquement possible son éradication par la vaccination systématique.
La transmission du virus s'effectue principalement par voie aérienne, via les gouttelettes respiratoires émises lors de la toux ou des éternuements. Sa contagiosité exceptionnelle s'explique par sa capacité à rester en suspension dans l'air pendant plusieurs heures. Un seul individu infecté peut contaminer jusqu'à 18 personnes non immunisées dans une population sensible.
Les nouveau-nés bénéficient d'une protection temporaire grâce aux anticorps maternels transmis pendant la grossesse. Cette immunité passive s'estompe généralement entre 6 et 12 mois après la naissance, rendant nécessaire la vaccination active.
Manifestations Cliniques et Diagnostic
La maladie se manifeste initialement par une phase prodromique caractérisée par une forte fièvre, accompagnée de symptômes respiratoires (toux, écoulement nasal) et d'une conjonctivite. L'apparition des taches de Koplik sur la muqueuse buccale constitue un signe pathognomonique de la rougeole, précédant de quelques jours l'éruption cutanée caractéristique.
L'éruption maculopapuleuse débute classiquement derrière les oreilles avant de s'étendre progressivement au visage, au tronc puis aux membres. Elle persiste environ une semaine avant de s'estomper dans l'ordre de son apparition.
Les complications peuvent être graves et variées. La pneumonie, principale cause de décès, touche particulièrement les nourrissons et les personnes immunodéprimées. L'encéphalite, bien que rare (1 cas sur 1000), peut entraîner des séquelles neurologiques permanentes. La panencéphalite subaiguë sclérosante, complication tardive exceptionnelle mais fatale, survient plusieurs années après l'infection initiale.
Prise en Charge et Traitement
Le traitement de la rougeole reste essentiellement symptomatique. Il vise à soulager les symptômes et à prévenir les complications par :
- Le maintien d'une bonne hydratation
- L'administration d'antipyrétiques en cas de fièvre
- La supplémentation en vitamine A, particulièrement importante dans les pays en développement
L'isolement du patient pendant la période contagieuse s'avère crucial pour limiter la propagation du virus. Cette période s'étend généralement de quatre jours avant à quatre jours après l'apparition de l'éruption.
La Prévention : Pierre Angulaire du Contrôle
La vaccination constitue le pilier de la prévention de la rougeole. Le vaccin ROR (Rougeole-Oreillons-Rubéole) s'administre en deux doses :
- Première dose entre 12 et 15 mois
- Seconde dose entre 16 et 18 mois
Son efficacité atteint 97% après deux doses, offrant une protection durable. Les effets secondaires, généralement bénins, incluent fièvre et éruption légère. Les études scientifiques ont définitivement réfuté tout lien entre ce vaccin et l'autisme.
En cas d'exposition, la vaccination peut être proposée dans les 72 heures suivant le contact. Pour les personnes ne pouvant recevoir le vaccin (femmes enceintes, immunodéprimés), l'administration d'immunoglobulines constitue une alternative.
Enjeux et Perspectives
La rougeole reste un défi majeur de santé publique. Si la vaccination a permis une réduction spectaculaire des cas dans les pays développés, la maladie continue de sévir dans les régions à faibles ressources. La malnutrition et les carences en vitamine A augmentent significativement le risque de complications fatales.
L'émergence de mouvements anti-vaccination menace les progrès accomplis. La réticence vaccinale, reconnue par l'OMS comme l'une des principales menaces pour la santé mondiale, nécessite une réponse coordonnée des autorités sanitaires.
Points Essentiels à Retenir
La rougeole demeure une infection virale hautement contagieuse, potentiellement grave. Sa prévention repose sur une vaccination systématique et efficace. Face à la résurgence des cas, la sensibilisation du public et le maintien d'une couverture vaccinale élevée s'avèrent cruciaux.
La vigilance reste de mise, même dans les pays développés. Seule une approche globale, combinant vaccination universelle, surveillance épidémiologique et réponse rapide aux flambées, permettra de progresser vers l'objectif d'élimination de la rougeole.