En 2024, le Maroc a été le théâtre d’une mobilisation sans précédent des médecins internes et résidents. Face à des conditions de travail jugées insatisfaisantes et une absence de dialogue constructif avec les autorités, ces professionnels de santé ont intensifié leurs actions pour faire entendre leurs revendications. Retour sur un mouvement social marquant, entre grèves, tensions et espoirs de changement.
Des grèves marquées par une organisation rigoureuse
Le Comité national des internistes et des résidents (CNIR) a organisé plusieurs grèves nationales en octobre et novembre 2024. Les dates clés incluent les 22, 23 et 24 octobre, ainsi que les 5 et 7 novembre. Ces mobilisations ont été soigneusement orchestrées pour éviter toute perturbation des services vitaux : les urgences, les gardes et la réanimation n’ont pas été touchées, une décision qui reflète la responsabilité des grévistes envers les patients.
Les revendications des médecins internes et résidents s’articulent autour de plusieurs axes essentiels :
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Amélioration des conditions de travail : Une meilleure qualité des infrastructures hospitalières et des équipements ;
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Augmentation des indemnités : Un salaire à la hauteur de leurs efforts et de leur charge de travail ;
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Clarification du statut juridique : Une reconnaissance de leur rôle comme acteurs majeurs du système de santé ;
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Réformes du système de santé et de la formation : Un besoin urgent de modernisation et de meilleures conditions pour la formation des futurs médecins.
Un sit-in national annoncé pour janvier 2025
Le CNIR ne compte pas s’arrêter aux grèves. Dans un communiqué, il a annoncé la tenue d’un sit-in national devant le Parlement à Rabat le mercredi 8 janvier 2025. Cet événement marquera une étape d’escalade dans leurs actions, visant à attirer l’attention des décideurs politiques sur une crise devenue intenable.
Ce sit-in intervient dans un climat tendu. Lors de précédents rassemblements à Rabat, des arrestations ont eu lieu, ce qui a contribué à accroître les tensions entre les professionnels de santé et le gouvernement. Malgré ces difficultés, le CNIR reste fermement déterminé à poursuivre son combat pour une reconnaissance accrue de leur travail et des réformes structurelles.
Les enjeux d’un système de santé en crise
Le système de santé marocain traverse depuis plusieurs années une crise profonde. Les hôpitaux publics sont souvent confrontés à un manque criant de ressources, tant en termes d’équipements que de personnel. Cette situation affecte directement les médecins internes et résidents, qui travaillent dans des conditions difficiles tout en poursuivant leur formation.
La surcharge de travail, combinée à des indemnités insuffisantes, aggrave le malaise au sein de cette catégorie professionnelle. Les revendications actuelles ne se limitent pas à des questions salariales, mais visent également une amélioration globale du secteur de la santé, dans l’intérêt des patients comme des praticiens.
Une mobilisation soutenue par la société civile
Le mouvement des médecins internes et résidents a suscité un vif soutien de la part de la société civile. Des citoyens et organisations ont exprimé leur solidarité, reconnaissant l’importance de ces professionnels dans la prise en charge des malades.
Cependant, certaines voix s’élèvent pour critiquer les perturbations que ces grèves pourraient causer dans les services hospitaliers. Pour répondre à ces critiques, le CNIR a réitéré son engagement à garantir la continuité des services d’urgence et de réanimation, tout en appelant à une compréhension plus large de leurs revendications.
Quelle réponse des autorités ?
Jusqu’à présent, les ministères de la Santé et de l’Enseignement supérieur n’ont pas apporté de réponse satisfaisante aux revendications des médecins. Cette absence de dialogue constructif alimente le sentiment d’indifférence dénoncé par le CNIR.
Pourtant, cette crise représente une opportunité unique pour engager des réformes profondes. Améliorer les conditions de travail des médecins internes et résidents aurait un impact direct sur la qualité des soins dispensés aux patients, tout en renforçant l’attractivité du secteur public pour les futurs professionnels de santé.
Une mobilisation qui résonne au-delà des murs des hôpitaux
Le combat des médecins internes et résidents transcende leurs revendications individuelles. Il met en lumière des problèmes structurels qui touchent l’ensemble du système de santé marocain. En attirant l’attention sur ces défaillances, ils participent à un débat essentiel pour l’avenir des soins de santé dans le pays.
Conclusion
La mobilisation des médecins internes et résidents en 2024 s’inscrit dans un contexte de crise et de défis pour le système de santé marocain. Par leurs grèves et leur prochain sit-in national, ces professionnels de santé cherchent à obtenir une reconnaissance de leurs efforts et à impulser des réformes nécessaires.
Alors que les semaines à venir seront déterminantes, il reste à espérer que ce mouvement conduira à une amélioration des conditions de travail des médecins et, par extension, de la qualité des soins prodigués aux citoyens marocains. L’enjeu est de taille : il s’agit de garantir un système de santé plus juste et plus efficace pour tous.